Si ce que le philosophe et poète Édouard Glissant appelle une poétique de la Relation peut être comprise comme une réaction à la prétention à l’universalisme des humanismes, elle en est aussi une sorte de prolongation dans la mesure où elle propose, à travers la littérature et les arts, de repenser l’homme. Or il s’agit là d’un humanisme non pas articulé à partir du sujet, mais il est saisi dans la relation qu’il entretient avec « la matière même de tous les lieux, leur minutieux ou infini détail et l’ensemble exaltant de leurs particularités, qui sont à poser en connivence avec ceux de tous les lieux. » Pour dénoncer et esquiver la « logique de l’un », il propose donc une écopoétique ancrée dans la matérialité concrète du paysage, menant à une épistémologie intuitive de l’ailleurs et de l’avenir pourtant imprévisible. Cette communication interrogera la manière dont l’écopoétique glissantienne s’engage dans un procédé paradoxal, voire contradictoire qui consiste à faire de la dénomination locale du lieu, une poétique de l’extension et de la profusion qui résonne ailleurs, suggérant une autre République des Lettres, mondiale et diversifiée.